
Hannibal Barca​
Jean André DE LUC , un suisse partisan du passage par le Petit Saint-Bernard ...
Jean André DE LUC était un suisse, membre de la société de Physique et d’Histoire Naturelle de Genève, dont l'ouvrage intitulé « Histoire du passage des Alpes par Annibal » fût publié en 1825. Il y décrit un passage par le Mont du Chat puis la Tarentaise et le col du Petit Saint-Bernard. Il a rencontré le général écossais Melville qui avait la même analyse que lui sur le trajet suivi par Hannibal. Dans sa démarche, l’auteur affiche une nette préférence pour le texte de Polybe qu’il considère comme plus fiable et moins romancé que celui de Tite-Live.
DE LUC s’appuie sur les 4 passages des Alpes décrits par Strabon pour écarter d’emblée un passage par la Maurienne. A l’époque romaine, Strabon ne décrit que 4 passages : le long de la côte méditerranéenne, les Alpes Cottiennes, les Alpes Grecques et les Alpes Pennines. Il est vrai aussi que les 2 cartes qui sont parvenues jusqu’à nous (itinéraires d’Antonin et carte de Peutinger) ne font pas figurer non plus de passage par la Maurienne. Il rappelle enfin que le passage du Mont Cenis n’a pu être rendu carrossable qu’au prix de travaux importants de taille dans le roc dans la partie de redescente sur l’Italie. En revanche, la citation des 4 passages par DE LUC omet la précision apportée par Strabon qui écrit que le passage par les Alpes Cottiennes est le passage emprunté par Hannibal. Cet oubli lui sera reproché car même si Strabon a pu se tromper (ou être influencé par l’opinion d’autres auteurs antiques) une telle omission fait planer un doute sur la sincérité de l’auteur.
Dans sa description du passage des Alpes, l’auteur opte pour un trajet qui suit le Rhône depuis Roquemaure jusqu’à Yenne (Etanna dans la table de Peutinger) puis il privilégie le Mont du Chat au passage par la Grotte en expliquant que ce dernier se faisait par des échelles et n’a été aménagé que tardivement en 1670 par Charles Emmanuel II.
DE LUC réalise dans son ouvrage une comparaison précise des textes de Polybe et Tite-Live en mettant en regard comment ces deux auteurs abordent les mêmes passages de l’histoire. Il montre ainsi que Tite-Live est beaucoup plus attiré par le spectaculaire et Polybe par les détails géographiques.
A la fin de l’ouvrage, l’auteur examine les différentes thèses qui font passer Hannibal par le Mont Genèvre (Le chevalier Folard et D’Anville) , le mont Viso (Le marquis Saint-simon) ou le Grand Saint Bernard (M. Withaker) .
DE LUC évoque aussi les travaux de M. Gibbon qui hésite entre les différents trajets possibles. M. Gibbon cite néanmoins un argument intéressant pour expliquer pourquoi Tite-Live aurait penché pour les Alpes Cottiennes. En effet, Tite-Live aurait eu accès aux écrits de Cintius Alimentus, contemporain d’Hannibal, qui aurait rapporté des propos du Général carthaginois lorsque ce dernier le retenait prisonnier. Hannibal aurait évoqué son arrivée dans le pays des Taurini ce qui a influencé Tite-Live. DE LUC pour contrer l’argument indique que rien ne prouve que ce pays fût le premier traversé par l’armée carthaginoise. Et DE LUC cite un autre auteur d’Aubizit qui trouve plus logique pour Hannibal d’éviter de rentrer directement dans le pays des Taurini dont il connaissait l’hostilité à son égard.
Enfin l’auteur évoque ceux qui militent pour un passage par le Col du Mont Cenis (Simler Groslé, Mann, le comte de Stolberg et M Albanis Beaumont) en réfutant leur argumentation car cet itinéraire conduit à traverser plusieurs fois l’Isère et la vallée de la Maurienne semble très difficile d’accès. Par ailleurs la descente sur l’Italie très abrupte et l’exposition du col qui rend la présence de neiges éternelles sont également évoqués pour réfuter cette thèse.
